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Soeur Raymonde

Article de Matthieu Boedec -paru dans l'Est Républicain - édition de la Meuse - le 12 août 2023

Sœur Raymonde quitte Verdun après 60 ans passés au service des déshérités

Dernière représentante meusienne de la congrégation de la Doctrine chrétienne, Sœur Raymonde va bientôt quitter le département après avoir consacré sa vie à égayer celle des autres.

« Mais, vous avez vu ma tronche ? Vous n’allez quand même pas me prendre en photo ? » Elle est comme ça, Sœur Raymonde. Elle sourit perpétuellement à la vie avec le cœur et la porte toujours grand ouverts.

Dans la petite maison où le diocèse l’a installée, la dernière représentante meusienne de la Doctrine chrétienne fait tout « sauf le ménage ». À 92 ans, elle garde la pêche. « J’ai de la chance, je ne suis jamais tombée. Je touche du bois », lance-t-elle en tapant sous la table.

Ceux qui ont de la chance, ce sont surtout ceux qui ont croisé la route de cette « femme exceptionnelle », témoigne une Barisienne, qui doit à Sœur Raymonde sa « première boum au foyer paroissial ».

Pourtant, la religieuse a le sentiment « de n’avoir rien fait du tout ». Elle n’a pas vu le temps passer. « C’est quand j’ai eu 90 ans que je me suis dit : “Mais ma piotte, t’es vieille”. Heureusement que j’ai encore un cœur de jeune. » Un cœur énorme.

Au service des handicapés mentaux

Sœur Raymonde est trop modeste pour décrire ses soixante années passées au chevet des déshérités et plus particulièrement des handicapés mentaux du département, qu’elle conduisait en pèlerinage, à Lourdes, tous les dix ans depuis 1971.

« On avait créé la communauté des Pèlerins d’Emmaüs et on partait aussi en colonie, à Sommelonne, et on se réunissait une fois par mois pour des goûters », raconte celle qui avait la clé de tous les ateliers de l’Adapeim. « Les handicapés, ça a été toute ma vie, j’ai découvert des gens merveilleux, qui m’ont rendu heureuse. J’ai aussi passé beaucoup de temps avec les Gens du voyage et notamment une famille que j’ai visitée pendant vingt ans. »

Guidée par l’amour

Pourtant rien ne la destinait à consacrer sa vie à celle des autres. « Papa et maman n’étaient pas pratiquants, ils ne voulaient pas que j’entre en religion mais, finalement, ils étaient heureux parce que j’étais heureuse. Après leur décès (NDLR : son père s’est éteint en 1974, un an après sa mère), toute la famille s’est réunie tous les ans lors de la Pentecôte. On l’a fait jusqu’au Covid et on a repris ça cette année. »

Le 15 septembre, c’est une autre famille qu’elle rejoindra, dans la maison de retraite de la Doctrine chrétienne, à Nancy. « Je vais retrouver mes amies », jubile Sœur Raymonde. Joyeuse, comme toujours.

« Toute ma vie, j’ai essayé d’aimer, ça m’a toujours poursuivie. J’ai vécu des souffrances, comme tout le monde, mais j’ai toujours été heureuse grâce à tous ceux que j’ai rencontrés et je pense que c’est réciproque. » On est prêt à le jurer.

 

Une messe en son honneur le 26 août

Une messe sera dite en son honneur, samedi 26 août, à 18 h, en l’église Saint Jean-Baptiste (au Faubourg), à Verdun. « J’ai grandi juste en face de l’église et j’ai passé toute ma jeunesse dans ce quartier », se réjouit Sœur Raymonde.

Une réception sera aussi organisée à l’issue de l’office pour lui permettre de saluer les visages familiers sur lesquels elle a dessiné des sourires durant toutes ces années.

« Mais je n’avais rien demandé », assure la dernière représentante meusienne de la congrégation de la Doctrine chrétienne.